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(S-8A-2) l'énergie nucléaire : l'énergie de liaison


    Note: Voici la deuxième partie d’un survol de l'énergie nucléaire, plus long et plus détaillé que celui de la section (S-8). Il a été présenté par David P. Stern, en tant que participant à une présentation dynamique (« flexbook ») sur la physique en Virginie organisée par la fondation CK-12, selon un protocole de "contribution et partage entre tous". Il a été conçu comme complément à l’enseignement à la physique, à l’école secondaire. Il contient également des problèmes et des questions.



    Index

S-2.Les couches du soleil

S-3.Le soleil magnétique

S-3A. Champs magnétiques interplanétaires

S-4. Couleurs de la lumière du soleil

S-4A. Expériences avec les couleurs du soleil

S-5.Ondes et photons

Facultatif: Physique quantique

Q1.Physique quantique

Q2. Les atomes   (plus 6 )
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S-6.Rayons X du soleil

S-7.Energie du soleil

S-7A. Le trou noir du centre
        de notre galaxie

LS-7A. Découverte
      des atomes et des noyaux

S-8.Puissance nucléaire

S-8A-1.Energie nucléaire
(premier lien de 5 sections)

S-9.Les armes nucléaires

   .

2.   Energie nucléaire : les forces de liaisons

Le noyau de carbone 12C (par exemple) possède 6 protons et 6 neutrons. Les protons sont tous chargés positivement et se repoussent les uns les autres: mais  restent néanmoins rassemblés, ce qui démontre l'existence d'une autre force - une "attraction nucléaire", la "force nucléaire forte" qui prédomine sur la répulsion électrique à très courte distance. Pratiquement cette force n’est d’aucun effet à l'extérieur du noyau, et donc il doit bien y avoir une forte corrélation avec la distance – c’est une force de courte portée. La même force peut aussi bien n'agir que sur les neutrons, ou sur les neutrons et les protons.

    L'énergie du noyau est négative (comme l'énergie des planètes du système solaire --#7), et il faut investir de l’énergie pour extraire les protons et les neutrons d’un noyau ( l’énergie est nulle si toutes les particules sont indépendantes). Les "Spectromètres de masse" ont effectivement mesuré les masses des noyaux, qui sont toujours inférieures à la somme respective des masses de leurs protons et de leurs neutrons. Cette différence correspond à l' l'énergie de liaison du noyau – selon la célèbre formule d’Einstein :  E = mc2

Fusion nucléaire

L'énergie de liaison de l' hélium est importante, et semble être la source de l'énergie du Soleil et de la plupart des étoiles. Le soleil possède beaucoup d' hydrogène, dont le noyau est un proton.  Il libère de l’énergie lorsque 4 protons se combinent en un noyau d'hélium, processus dans lequel deux d'entre eux sont parallélement convertis à neutrons.

    La conversion des protons en neutrons résulte d'une autre force nucléaire, la "force faible " (le mot «nucléaire» est ici sous- entendu). La force faible agit aussi à courte distance, mais est beaucoup plus faible que la force forte La force faible tend à rétablir l’égalité de nombre entre neutrons et protons dans le noyau, ces deux particules, étroitement liées, étant parfois appelées collectivement nucléons

    Les protons ne se combinent à l'hélium que s’ils ont acquis suffisamment de vitesse pour vaincre leur répulsion réciproque et ainsi obéir à l’attraction forte nucléaire, ce qui signifie qu'ils doivent former un gaz très chaud. Il faut une pression énorme pour maintenir la chaleur nécessaire à la combinaison de l’hydrogène en hélium, ce qui est le cas des régions centrales du soleil ( "coeur"), en raison de l'énorme poids des couches sus-jacentes, du à la forte gravité du Soleil. Le processus de combinaison des protons pour former l'hélium est un exemple de  fusion nucléaire.

    Nos océans regorgeant d’hydrogène et l'hélium - non nuisibles à l'environnement -, il serait idéal que les physiciens puissent maîtriser la fusion nucléaire pour alimenter le monde en énergie. Les expériences en ce sens n’ont jusqu'à présent guère abouties. On a utilisé de l’hydrogène assez chaud pour être ionisé, et de très puissants champs magnétiques pour l'isoler ,  (puisque les particules chargées "s' accrochent" aux lignes de champ magnétique,  comme celles  piégées par la ceinture de radiations de la Terre). Ces expériences de fusion concernent aussi l'hydrogène lourd, qui fusionne plus facilement, avec une densité de gaz modérée. Malgré toutes ces astuces, on a bien obtenu une énergie de fusion, mais pour ce résultat, il fallait encore un surplus d'énergie.

La courbe de l'énergie de liaison

    Le nombre de neutrons égale celui des protons pour les principaux isotopes des atomes aux noyaux  légers, comme le carbone, l'azote et l'oxygène, Mais avec des noyaux plus lourds, l’énergie perturbatrice des protons augmente, car ils sont confinés dans un petit volume et se repoussent les uns les autres. L'énergie de la force forte, celle qui maintient la cohésion du noyau, augmente parallèlement, mais à un rythme plus lent, comme si dans le noyau, seuls les nucléons les plus rapprochés les uns des autres restaient étroitement liés, et pas les autres, plus éloignés.

The Binding energy per nucleon against nuclear mass

Le bilan de l’énergie de liaison d'un noyau est celui de l'attraction intranucléaire, moins les perturbations dues à  la force d’énergie électrique. Lorsque les noyaux deviennent plus lourds que celui de l'hélium, leur énergie de liaison par nucléon (déduite de la différence de masse entre le noyau et la somme des masses des nucléons composants) augmente mais de plus en plus lentement, jusqu’à atteindre un maximum avec le fer. Avec encore plus de nucléons, l'énergie de liaison nucléaire continue bien à augmenter  - mais le total des forces perturbatrices de l'énergie électrique (protons positifs repoussant les autres protons) augmente encore plus, et devient prépondérante. On peut donc dire que le noyau de 56 Fe est le plus efficacement lié. (voir référence #10b)

    Grâce à la force faible, le nombre de neutrons dépasse celui des protons, réduisant ainsi les perturbations d'énergie - par exemple, dans l’isotope principal du fer, 26 protons, mais 30 neutrons. Bien sûr, il y a aussi des isotopes au nombre de neutrons différent, mais s' ils sont trop loin de la stabilité, les nucléons se convertissent après un certain temps en un isotope stable par  émission de beta radioactivité --les protons se transformant en neutrons par absortion d' un électron (ou émission d' un positon, la contrepartie positive de l'électron), ou inversement  les neutrons deviennent des protons en émettant des électrons.

    Avec les noyaux plus lourds, composés de plus de 200 nucléons, les forces électriques peuvent être si déstabilisantes qu’une partie entière du noyau est éjectée, généralement par combinaisons de 2 protons et 2 neutrons (rapides ("particules alpha ," », donc en fait des noyaux d'hélium), extrêmement stables. La courbe d'énergie de liaison (dessin) avoisine l’énergie de liaison par nucléon, proportionnellement à la masse atomique. Elle s’amplifie jusqu’au niveau du fer puis rediminue lentement,présentant aussi un pic au niveau de l'hélium, très stable comme on l'a vu. Dans la nature, les noyaux les plus lourds, ceux de l'uranium 238U , sont instables, mais comme leur durée de vie est de 4,5 milliards d'années, proche de l'âge de la Terre, ils restent relativement nombreux. Ils pourraient provenir d’une explosion de supernova (référence #8) ayant précédé la formation du système solaire. (et de même pour d'autres noyaux plus lourds que le fer) L’isotope le plus fréquent du thorium, 232T , émet aussi des particules α, et sa demi-vie ( temps pendant lequel la moitié des atomes se désintègre) est encore plusieurs fois plus longue. Dans les deux cas, la désintégration radioactive produit des " isotopes –filles » ( NDLT : fils ?), également instables, qui entament une chaîne de désintégrations se terminant par un isotope stable.

Pour le plaisir : Le livre " The Curve of Binding Energy " de John McPhee est en réalité l'histoire de Théodore Taylor, physicien nucléaire aux multiples sujets d’intérêts.

Problèmes

( Réponses en section S-8A-5)

(1)       Pourquoi ne peut-on trouver dans notre environnement des éléments dont les atomes pèsent 300 fois plus que le proton, ou plus?

(2)       Etablir un glossaire définissant brièvement par ordre alphabétique, dans vos propres termes : radioactivité alpha, bêta radioactivité, énergie de liaison, fusion nucléaire contrôlée, coeur du Soleil, courbe de liaison d'énergie, isotopes - fille (fils), deutérium, spectromètre de masse, fusion nucléaire, positron, force nucléaire faible, force nucléaire forte.

(3)       Quelle est la source de l'énergie solaire?

(4)       Pourquoi donne-t-on à l'énergie de liaison du noyau un signe négatif ?

(5)       (a)       La masse atomique du deutérium (22 H) est 2.0140, de l'hélium 4 He 4.0026 (en unités de masse du proton), et  "l'énergie au repos" E=mc2 du proton est 938,3 MeV ( millions d'eV, avec 1 eV = un électron-volt; voir #9). Combien d'eV sont- ils libérés quand deux atomes de deuterium se combinent par fusion nucléaire en un 4 He ?
    (b)       Si 1 eV = 1.60 10–23 joule et le nombre d'Avogadro A = 6.022 1023, combien de joules sont libérés par la fusion de 4 g de deutérium?

    (c)       Un gramme de TNT peut libérer 3,8 kilocalories d'énergie, l'équivalent de 4184 joules. Combien de tonnes de TNT sont-ils nécessaires à la libération de l'énergie calculée ci-dessus?
(6)       Voici une autre application de l'équation d'Einstein E=mc2 .Il vaut mieux se familiariser avec la notation scientifique pour les très petits et très grands nombres avant d'essayer de résoudre ce problème, et vérifiez toutes les étapes du calcul.

Le Soleil perd sans cesse de la masse, au moins de deux façons différentes.

D'abord, par irradiation de l’énergie E de sa lumière, ce qui réduit également sa masse, en raison de l'équivalence de l'énergie et de la masse. L'énergie rayonnée au niveau de l'orbite de la Terre – à 150 millions de kilomètres du Soleil - est d'environ 1300 watts (" la constante solaire") par mètre carré de surface perpendiculaire aux rayons du soleil, et la vitesse de la lumière est c = 300000 km / sec.

Ensuite, par émission du vent solaire. Pour des raisons qui depuis 70 ans ne sont pas encore claires, la plus haute atmosphère du soleil ("couronne solaire") est très chaude, environ un million de degrés centigrades, ce qui explique pourquoi les atomes de cette couche ont tendance à être dépouillés de la plupart ou de la totalité de leurs électrons - -par exemple des atomes de fer à qui il manque une douzaine d'électrons, ce qui exige une énorme quantité de pertubations.

La gravité du Soleil ne peut pas retenir un gaz aussi chaud. Par contre, la plus haute atmosphère solaire est constamment balayée par le vent solaire --un courant raréfié d'ions et d'électrons libres, éjecté à environ 400 km / seconde. La densité de ce vent au niveau de l'orbite de la Terre est d'environ 10 protons / centimètre cube (en tenant compte de la présence d'ions d'hélium), et la masse d'un proton est d'environ 1.673 10–27 Kg.

Quel est de ces deux processus le responsable de la plus grande perte de masse du Soleil ?

(7) Pour qu’un objet (par exemple, un vaisseau spatial) soit éjecté de la surface de la Terre, il lui faut une vitesse v1 = 11.3 km/s pour s' échapper à la gravité terrestre ("vitesse d'échappement").

L'énergie au repos d’un neutron vaut E0 = mc2 = 939.535 MeV (millions d'électrons-volts). Lla vitesse de la lumière est de 300.000 km / sec (pratiquement) et si un neutron est éjecté de la surface de la terre avec juste assez de vitesse pour échapper à la gravité, quelle est l'énergie en MeV (ou en électrons-volts, eV)? Utilisez une expression non relativiste basée sur l'énergie cinétique E1 des neutrons s’échappant (c’est suffisamment précis).

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Auteur et responsable:   Dr. David P. Stern
     Mail au Dr.Stern:   stargaze("at" symbol)phy6.org .

Dernière mise à jour: 2-11-2009

Traduction : Guy Batteur ( guybatteur "at"wanadoo.fr ), le 24 / 11 / 2009


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